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Le conflit du prisonnier ou de l'oiseau en cage

Le besoin d'accéder en permanence à la liberté peut amener l'être à forcer les barrages et à parfois créer en lui un dilemme entre "partir et rester", c'est dans mon expression le conflit du prisonnier, il veut à tout prix s'évader, rêve de liberté mais angoisse au fait de penser à ce qu'il pourra faire à l'extérieur… Saura-t-il être responsable de sa liberté et ne pas angoisser lorsqu'il ne voit plus les limites sécurisantes de sa prison ?

Il est intéressant de constater dans la plupart de mes consultations, que les personnes qui font des crises d'angoisses ou qui ont des peurs dans des lieux (craintes d'enfermement, de l'obscurité, du silence, etc.) sont souvent des personnes en quête d'une très grande liberté et dans un besoin de "partir prendre l'air". Il y a à mon avis une mémoire d'étouffement (au sens réel ou symbolique) et donc un besoin de fuir ou de prendre l'air et d'aller le plus loin possible du lieu ou de l'ambiance restrictive et en même temps une partie "peur de quitter le clan" bloque et crée la crise d'angoisse ou la peur qui "fige" le corps".

Il y a donc souvent retour à la case départ. Il y a angoisse dans le lieu fermé, et après le mouvement compulsif pour en sortir, il y a le frein vécu dans l'expérience de la liberté.

Ceci est à comprendre dans la réalité comme dans la symbolique ou dans d'autres contextes subtils. Le lieu fermé peut être une ambiance relationnelle, où je me sens étouffer pensant que l'autre m'étouffe. Alors je fuis et rencontre un autre partenaire qui ne m'étouffe pas mais qui devient malade et je dois m'en occuper et être à ses petits soins.

De nombreux exemples peuvent être expliqués. La différence se situe dans la manière de prendre sa liberté. Soit je la mérite et l'attire et la liberté est bien là, soit je suis prisonnier de ma vie et de mon corps, je ne gère plus le temps, je suis surpassé par les évènements et pense que c'est l'extérieur qui est le problème et je le fuis en compulsant… Et là où je fuis je suis à nouveau en prison.

Celui qui est libre ne cherche pas la liberté, celui qui accepte ses limites est libre…

En fait, celui qui revendique une grande liberté n'a pas compris qu'il s'emprisonne lui-même, car il utilise la volonté ou la révolte et donc souvent la compulsion pour tenter d'avoir sa liberté. Ce qui est visible chez ces personnes, c'est qu'elles courent toujours… après le temps, après l'espace. Et pendant ce temps il y a les êtres réellement libres qui les regardent s'agiter.

Il cherche à avoir davantage de liberté alors qu'il n'utilise que 20 ou 30% d'espace dans son territoire limité (car nous avons tous un territoire limité, mais de le reconnaître permet d'aller au-delà…). C'est magique, mais comment vous expliquer… Ok, je tente cela de la manière suivante.

Je suis un homme, employé dans une grande société, j'ai 45 ans ; au dernier contrôle chez mon médecin, celui-ci me trouve ceci, cela et me dit… "c'est l'âge…". D'autres situations de ma vie m'amènent à de mêmes conclusions. Je commence à voir ma retraite à 65 ans arriver et me demande comment je vais survivre, etc., etc. …

Il me reste donc 20 ans jusqu'à ma retraite, un immense espace de liberté, mais je ne le vois pas, je butte sur une des limites importantes fixées par la croyance populaire et devenue ma croyance, je ne vois que cela, et l'espace qui existe jusque-là je n'arrive plus à l'utiliser car je sème des graines de peurs…

Voyez cela comme une image …

Et vous vous situez dans un espace, et à 20% de votre espace vous regardez le fond, au 100%, et vous ignorer le 80% restant en cherchant tous les moyens pour aller au-delà des 100%... Vous comprenez …

Marcel Bianchi